Patchi a maintenant 15 ans et demi, et si l’arrivée en Suisse il y a 2 ans lui avait fait redonné une seconde jeunesse…
Sur les 12 derniers mois, gentiment le temps le rattrape…
Quand je vous dis seconde jeunesse…
Je ne mâche pas mes mots.
On a découvert après l’arrivée en Suisse, qu’en fait cette nouille de chien DETESTE la chaleur, le comble d’un chien né à Singapour!
Il a sans sourciller appris à prendre les transports publics, du bus au train en passant par le tram quand on est de passage à Genève.
Il a vite compris qu’ici on pouvait le prendre presque partout, et qu’une soirée au restaurant c’était jamais sans Patchi!
Il a découvert des animaux qu’il ne pensait pas exister: vache, chevaux, moutons et autres chèvres en tout genre, c’est un zoo chez les Suisses! Il n’était d’ailleurs pas convaincu du bien-fondé du concept, et tient ses distances.
Il a découvert les feux d’artifices, mais comme il est un peu sourd, il trouve que c’est plutôt chouette comparé à des danses du lion du nouvel an lunaire – ça, ça fait vraiment peur! .
Il a aussi découvert les joies du pullover, parce qu’il a vite froid, de la piqure contre l’arthrose – le librela qui n’était pas proposé à Singapour quand on est parti – et du fait que selon lui presque tous les chiens suisses sont très polis.
Et heureusement parce qu’il a malheureusement découvert qu’il a plein de famille étendue canine, genre le shiba de mes parents – mais elle ça va encore, en plus quand il va chez elle il peut lui piquer son panier – ou le labrador de ma tante qu’il persécute allègrement pour ne citer qu’eux.
ll a croqué cette nouvelle vie avec l’enthousiasme qu’il met à piquer la bouffe des oiseaux…
Bien sur on voyait ses yeux gentiment s’opacifier, le fait qu’il ne repère de moins en moins la poste quand la camionnette s’arrête devant la maison, le fait qu’il réagit de moins en moins à tous les bruits en fait.
Bien sur, on comptait chaque mois les nouveaux lipomes. Aux dernières nouvelles, on a cessé de compter on pèse, il doit bien en avoir un kilo reparti sur le corps.
Bien sur, on voyait que les escaliers devenaient une opération de plus en plus complexe…
Mais avec des examens de sang du tonnerre, une continence toujours bien accrochée, et aucune diminution de son caractère bien trempé, on a fait comme tous les humains à chien, on a fait l’autruche!
Mais 2024 a été implacable avec lui…
Un AVC mineur dont il semble se bien se remettre…
Des douleurs dorsales que la piqure de librela ne couvre plus complètement. Jusqu’à le paralyser de douleur dans une position pendant un petit moment…
Une intolérance croissante aux autres choiseaux. En particulier si ces petits impudents ont l’outrecuidance de le surprendre dans son repos en passant à côté de lui en surgissant de nulle part! Euh spoiler alerte, c’est plus qu’il ne les entend ni les voit arriver, qu’un débarquement en trombe…
Un sommeil qui s’étale, et tellement profond que régulièrement il ne sait plus ou il est ni comment il s’appelle si on le dérange pendant une sieste.
L’impression que certains jours, on a en face de nous un papy qui nous fait un syndrome crépusculaire en bonne et due forme.
Et la déprime qui s’installait à ne plus pouvoir faire en guise de balade que les mêmes 600 mètres encore et toujours.
Enter la poussette de compétition…
L’idée m’avait déjà traversé la tête en passant, mais merci un TDAH sous stéroïdes sans jamais s’y installer, jusqu’à une balade du côté de Montreux ousque j’ai du le prendre avec.
Je portais mes 10kg de chien dans son sac de transport sur une épaule… ( ouais déjà ça motive à envisager la poussette) et une fois à destination, on le pose sur le sol et on le laisse gambader.
Il s’illumine… sous le masque de la vieillesse, on voit une joie dont on réalise qu’elle avait disparu de son pas depuis des mois.
Il prend son pied, s’intéresse à tout le monde, dit bonjour tant aux chiens qu’aux humains…
Et dès le lendemain je lui cherche une poussette adaptée. Je prends un modèle de compétition raisonnablement tout terrain, comme ça on peut aussi faire des chemins accidentés ou forestiers avec lui.
Et Heidi et moi de l’observer attentivement quand la bête arrive
Il surkiffe.
Non sérieusement, l’essayer c’est immédiatement l’adopter. Il s’assied en bon prince qui surveille son univers et ses sujets pendant toute la partie ou on fait la partie pas-fun-pour-lui de la balade.
Et trottine avec plaisir pendant la partie fun ( genre quand on l’a pris pour une expédition du jour à Genève, bin ouais quand c’est férié qu’en Valaisie tu fais comme tout les autres valaisans et tu vas chez tes voisins pour profiter que tout soit ouvert chez eux, et il a marché le long des quais entre Baby-Plage et le bateau)
Du coup, le reste du temps il nous fait des trucs comme réclamer de jouer à la balle. C’est juste qu’il faut adapter, contrairement à quand il était plus jeune maintenant on le laisse sciemment gagner.
Pis il a recommencé à insister pour qu’on l’intègre dans les balades au lieu de se retourner et de nous laisser partir…
Bref, il est pas moins vieux, mais il est un petit vieux heureux maintenant!
La réalisation pour nous tous que non, il ne lui reste pas plus que la mort à attendre. D’ici là, il y a encore plein de vie et de beaux souvenirs à caser dans le temps qu’il reste… aussi long ou court soit-il…
L’idée peut sembler douce-amère, Heidi en particulier se bat avec la mélancolie du concept, mais pour moi ( et Patch aussi d’ailleurs) ça m’a rendu le sourire!
Ne me reste plus qu’à vous souhaiter une belle fin de semaine, et vous dire à lundi prochain… ( oui j’ai écrit le billet AVANT la présidentielle américaine, et oui pour le moment je fais l’autruche… j’ai le chic pour choisir mon retour moi… )
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