Le monde selon Merichan & les choiseaux 3.0

Les choiseaux sont de retour, maintenant en direct de la Valaisie

collage of the Alps in summer and a pink orchid on the left and singapore's garden by the bay and a cherry blossom on the right

La question que tout le monde nous a posé depuis notre arrivée en Suisse



” Et pis alors, ça se passe comment la transition de Singapour à un petit village valaisan?”

suivi généralement d’un…

“Tu survis?”, “C’est pas impossible de s’habituer?” ou encore d’un “Ah non, mais moi dans ce sens, je pourrais jamais!”

Et mon interlocuteur de ne pas savoir comment réagir, quand je lui réponds…

Non mais comme une lettre à la poste en fait ( version quand ça voulait encore dire quelque chose) on vivait déjà dans un village à Singapour!

Bon d’accord j’avoue, je prends un malin plaisir à déstabiliser celui qui m’a posé la question, mais c’est 100% vrai pour autant.

Je m’explique, les 6 dernières années à Singapour, on vivait dans un petit vieux condo comme ils n’en font plus, plein d’appartements occupés par leur propriétaires, ou tout le monde ou presque se connait depuis des décennies.

Population moyenne du condo en estimant à la louche une moyenne de 5 personnes par appartement ( après tout c’est plutôt des grands appartements, et les familles singapouriennes vivent souvent à plusieurs générations dans le même logement ) environ 700 personnes.

Par rapport à la population moyenne à l’année d’un village valaisan ( l’occupation hivernale des stations étant disqualifiée) je m’excuse mais la comparaison tient plutôt bien la route.

Je peux même pousser la comparaison plus loin, vu qu’on vient de passer le second tour des élections communales, on peut tirer des parallèles indiscutables entre un conseil communal et l’assemblée des propriétaires.

Guerre de parti, le respect des anciens contre le ras-le-bol de la mauvaise gestion présupposée de ceux au pouvoir, le fait que si tu es ami avec Untel du coup Mr. et Mme Trucmuche ne vont plus te parler ou encore le fait que la vision de l’avenir de la communauté varie radicalement et que c’est le clash des valeurs et des convictions.

En Valais, selon les communes ça chauffe les esprits au stade où ça décide du café ou on a le droit d’aller boire un verre, ça se dénonce en douce parce que tu as construit un truc sans permis… Tandis qu’à l’échelle d’un condo singapourien, ça décide des heures auxquelles tu vas à la gym et d’à quel stade tous tes voisins font bloc contre toi pour que tu retires la moitié de tes plantes.

Ou si tu as le droit de mettre des plantes d’ailleurs…

collage of pictures taken in Singapore, a pigeon orchid, Dover forest, the skyline of Singapore and Patch on boat quay


Alors je dis pas qu’il n’y a pas des trucs qui nous manquent…

Superchéri et Heidi ont énormément de peine à gérer l’allongement et la diminution des jours. Après 16 ans avec très peu de variation, c’est un gros choc de retrouver un rythme saisonnier, et autant de variation de luminosité.

Les bruits des oiseaux singapouriens nous manquent.

Le fait d’être à une demi-heure du centre-ville, et au plus 45 minutes de l’aéroport aussi ( d’autant plus qu’Heidi fait très souvent les aller-retours UK- Suisse, quand c’est pas le gendre qui vient)

L’humidité manque effroyablement à nos poumons.

C’est la contrepartie d’avoir retrouvé nos montagnes, des teintes de ciel bleu qui n’existaient pas à Singapour, la possibilité de voir la famille sans faire 15 heures de trajet, le froid et la neige.

Ce n’est plus le fenouil mais les mangues thai qu’on trouve à 7 francs pièce.

Mais de la même manière qu’on aimait Singapour quand c’était la Suisse qui nous manquait, maintenant c’est les souvenirs de Singapour qui se teintent de cette douce mélancolie.

Un peu comme si on avait laissé des bouts de nous à chaque endroit**

collage of swiss pictures, 2 of the Alps, one of red roses, one of a vineyard under snow and one of a cherry blossom







Bon après soyons honnête, on est un peu les voisins bizarres…

Et là aussi que ce soit à Singapour ou en Suisse, ça n’a pas vraiment changé.

A Singapour on était les bizarres qui promenaient leurs oiseaux, en Valaisie on est les bizarres qui promènent leurs oiseaux et leur chien en poussette.

A Singapour on se parlait en français dehors en famille. En Valaisie d’autant plus que le gendre est anglophone et Basil* aussi et que l’anglais est devenu la langue à maintenir envers et contre tout, bin du coup c’est souvent en anglais qu’on papote dehors en famille.

Oui je confirme du coup des fois on nous regarde bizarrement en Valaisie, mais bon on nous regardait aussi de biais back in Singapour, donc rien de bien de nouveau.

Heidi adore ( et je dois dire que je partage son opinion) passer d’une langue à l’autre histoire de signaler qu’on comprend les deux et que c’est à tes risques et périls que tu nous fais une remarque si le but c’était de médire sur ces touristes qui parlent trop fort.

Une fois sur deux on ne voit pas les gens qu’on connait alors qu’on passe à côté d’eux, ou on oublie de dire bonjour, ou au contraire on loupe tous leurs signaux qu’ils nous envoie pour nous dire que c’était bien gentil de papoter les 4.5 minutes réglementaires mais que là ils aimeraient bien retourner à ce qu’ils étaient en train de faire.

Bref, quand c’est pas Heidi ou les choiseaux qui nous font travailler notre vie sociale, faut bien reconnaître qu’on la développe très très lentement!

Sortir avec des gens ça implique d’aller au restaurant et le restaurant c’est rarement autre chose qu’un cauchemar sensoriel, inviter des gens ça implique d’avoir des gens chez nous… Aller chez les gens, ça implique de leur balancer la charge mentale considérable dessus de faire en sorte de nourrir Heidi!

On ajoute à ça le fait qu’Heidi a fait un choc des cultures en bonne et due forme, et que ma capacité à socialiser hors contexte particulier est un des trucs qui a pris le plus de plomb dans l’aile avec TDAH déchainé par les hormones. On va dire que ça ne nous aide pas à avoir l’air moins bizarre.

A mon niveau à moi…

Je me rends compte que j’ai eu et j’ai encore un boulot énorme pour ramener en Suisse l’adulte que j’ai développé à l’étranger.

Ma langue parlée, et plein d’autres trucs sont décalés entre qui je suis en anglais et qui je suis en français.

Mais alors que Singapour m’avait rendu terminalement casanière, je sens gentiment revenir le virus du voyage en background.

Bon bin c’est pas tout ça, mais je m’en vais vous laisser…

Je vous souhaite une belle fin de semaine, un bon week-end.

Et m’en retourner gentiment paniquer sur le fait que si j’ai bien retrouvé tous les fichiers photos des anciens back-up pour le moment les textes, je n’ai pas remis la main dessus.

Et de paniquer que j’en ai perdu au moins une partie voire le tout des anciens texte du blog.

Et de me flageller parce que putain si j’avais décliqué qu’il me fallait de la ritaline pour fonctionner il y a 4 ans ça ne serait sans doute pas arrivé.

Et du coup de sécher sur le texte fiction, parce que purée il faut que je sache si c’est mort ou pas… et du coup de perdre complètement le contrôle du compteur et d’avoir un retard déjà dur à combler si le but c’était de finir Nanowrimo.

Et de constater qu’effet amusant de la ritaline, quand je fais une crise d’angoisse maintenant purée qu’est-ce qu’elle est plus efficace et organisée et que je peine à m’en extirper!!

Ouais moi aussi je me fatigue moi-même…

collage of the Alps in summer and a pink orchid on the left and singapore's garden by the bay and a cherry blossom on the right










*Basil alias notre singapourien en prêt, voir l’explication en fin de billet précédent
**un peu de chair à chaque empreinte de mes pas etc. Des Bouts de Moi de Jean-Jacques Goldman c’est l’album entre gris clair et gris foncé. Ouais, on est un millénial gériatrique limite Gen X ou on ne l’est pas. Bon du coup on va écouter tout l’album tant qu’on y est, ça rappellera des souvenirs!

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